Panaibra Canda, Unofficial langage - photographie de Tomas Cumbano |
Panaibra Gabriel Canda est un des grands précurseurs de la danse
contemporaine au Mozambique. S'il découvrit les arts de la scène avec le
théâtre, il s'orienta dès 1993 vers la chorégraphie, auquel il donne un
langage novateur sans pour autant renier l'enracinement culturel
mozambicain. C'est à Lisbonne qu'il découvre la danse contemporaine et
très rapidement, il crée sa propre compagnie de danse – Culturarte – et
commence, à travers des partenariats internationaux, à organiser des
workshops de danse contemporaine au Mozambique. Le séminaire sur le
thème « Comment enseigner / impulser la danse contemporaine dans un
contexte africain ? » suscite la création d'un programme de
développement pédagogique : six mois de cours et ateliers de danse, en
partenariat avec « Danças na Cidade » (Lisbonne) et P.A.R.T.S
(Bruxelles). La même année, en 2003, il intégre des jeunes handicapés
dans une oeuvre chorégraphique évoquant les séquelles de l'apartheid
sud-africain et de la guerre civile mozambicaine. En 2005 Il impulse la
première plateforme de danse contemporaine au Mozambique à travers la
biennale « Kinani ». En 2010, il produit "Time and Spaces : The
Marrabenta Solo". Une interrogation magistrale du mixage culturel qui
caractérise la musique populaire mozambicaine.
Avec (Un)official langage c'est l'importation de la langue
portugaise au Mozambique est se trouve en cause. Le Mozambique est une
nation pluriethnique, plusieurs dizaines de langues nationales et de
dialectes y sont pratiqués. Le Portugais, langue du colonisateur, langue
du pouvoir, fut adopté par le nouvel état indépendant, comme facteur
d'unité nationale. Mais le Mozambicain vit quotidiennement une dualité
entre une langue maternelle et la langue officielle et cette dualité
n'est pas sans influencer sa vision du monde. Le spectacle met en scène
deux danseurs, une chanteuse et un musicien qui explorent les processus
d’uniformisation et de créolisation linguistiques et tentent de faire
ressurgir par le corps ce que l’esprit a oublié.
A partir de la réalité pluriethnique et plurilinguistique du Mozambique et celle de la domination de la langue portugaise, héritée du colonialisme mais facteur d'unification nationale, Panaibra Canda interroge ses multiples identités à travers une fusion créatrice entre le langage de la danse contemporaine et la gestuelle des corps colonisés, mixte entre un héritage traditionnel oubliés, mais intériorisés inconsciemment, et les codes nouveau que la modernité introduit progressivement. Mais à l'articulation du son- musique, parole, chant - et du geste s'ajoute des nouvelles formes induite par les nouvelles techniques de communication. En final, le chorégraphe évoque et interroge cette irruption des codes graphiques et la sémiologie des réseaux sociaux ressentis à la fois comme de nouveaux horizons d'échange et comme facteur d'homogénéisation planétaire de la culture.
A la fin du spectacle, lors de la rencontre avec le public, organisée
par le théâtre 141, nous avons pu rencontrer et questionner Panaibra
Canda et les artistes, musiciens et danseurs, qui l'accompagnaient.
à droite de la présentatrice, Maria João (chant), Panaibra Gabriel Canda (danse) ; à sa gauche : Leia Mabasso (danse) & João Farinha (musique) |
Panaibra Canda |
Maria João |